Souvent associés voire confondus, la dépression et le burn-out sont pourtant deux choses bien différentes. On vous explique.
La frontière est parfois floue entre le burn-out et la dépression, si bien que nous avons souvent tendance à confondre ces deux termes. Pourtant bien que distincts – la dépression est une maladie alors que le burn-out, un syndrome – ils peuvent parfois être liés. Le professeur Pierre-Michel Llorca, chef de service psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, explique à LCI les différences entre ces deux souffrances.
Peut-on détecter le burn-out ?
LCI : Qu’est ce qu’une dépression ?
Pierre-Michel Llorca : ‘Une dépression est une maladie qui touche toutes les tranches d’âges, et dont les symptômes sont nombreux. La dépression est une maladie avec un début, une fin et qui peut se guérir. C’est une tristesse dans laquelle on n’arrive plus à moduler les émotions. Il y a des critères diagnostiques : l’humeur dépressive, quand vous êtes triste et que vous restez triste, quoi qu’il arrive, et la perte de capacité à éprouver du plaisir, l’anhédonie. Les choses n’ont plus de goût. Un épisode dépressif peut se guérir en 6 à 8 mois. Le risque principal d’une dépression est le risque suicidaire. Cela peut se déclencher n’importe quand, et chez n’importe qui.
En quoi est-ce différent d’un burn-out ?
‘Le burn-out ou ‘syndrome d’épuisement professionnel’ est un trouble qui altère les facultés psychiques, physiques, comportementales ou encore émotionnelles, de façon progressive. Il est toujours lié à l’environnement professionnel. Pour faire simple, c’est une perturbation de la relation subjective que l’on a avec le travail. En général, le travail contribue à votre développement personnel, il a une fonction structurante pour l’individu. Le fait d’aller travailler vous donne une place dans la société. Souvent, lorsque vous faites un travail dénué d’intérêt spécifique, marqué par le caractère répétitif et dans lequel vous n’avez pas de capacité de décision ou d’adaptation, vous pouvez avoir des perturbations de relation au travail. Il ne vous aide plus à trouver un sens à votre vie, au contraire, il altère le sens de votre vie.
Cela se traduit pas l’apparition de manifestations émotionnelles, les gens ont des réactions émotionnelles intenses, ils pleurent facilement, sont irritables. Et des manifestations cognitives avec une altération de la capacité de penser, des difficultés à se concentrer et un sentiment de dépersonnalisation. On a le sentiment de ne plus savoir où on est.
Pour le burn out, cela se passe en deux temps : il faut exclure la personne du milieu du travail et modifier ses conditions de travail. C’est ce qui est compliqué. Le médecin du travail a le pouvoir de faire des préconisations mais lorsque votre travail est très répétitif ou que vous travaillez à la chaîne, par exemple, globalement peu de choses permettent de modifier vos conditions de travail.
Pourquoi confond-on souvent les deux termes ?
Ils sont tous les deux très distincts. Dans de nombreux cas, le burn-out peut faire le lit d’une dépression ultérieure. Vous commencez par faire un burn-out et après, vous déclenchez une maladie dépressive. C’est pour cela qu’il y a souvent une confusion : le burn-out est un facteur de risque de dépression.
Source : lci.fr12 septembre 2018)