Autonomes, en quête d’interactions et de flexibilité : portrait-robot de la génération Z au travail

Revue de Presse

Source : courriercadres.com (30 janvier 2019)

La génération Z débarque sur le marché du travail, et ceux qui en sont issus représenteront 20 % des effectifs en entreprise d’ici 2020. Quel sera alors leur rapport au travail ? Mazars et OpinionWay ont réalisé une étude pour mieux comprendre les attentes de ces jeunes hyperconnectés, à la recherche de flexibilité, et centrés sur leur situation personnelle.

 

«  La génération Y, c’est déjà du passé, place à la génération Z, et il était important de mieux la connaitre » : ainsi Mathilde Le Coz, directrice développement des talents et innovation RH chez Mazars, introduit-elle l’étude «  La Génération Z et le Future of work ». Après avoir interrogé plus de 1000 personnes âgées de 15 à 24 ans (1), ainsi que la même proportion au sein de la génération Y (25-34 ans), OpinionWay et Mazars nous permettent d’en savoir plus sur les aspirations de ces jeunes ultra-connectés, qui commencent à pousser les portes des entreprises.

 

Une génération ouverte aux «  nouvelles formes de travail »

Tout d’abord, pour la «  Gen Z »,  le travail à temps plein et le CDI restent la norme – mais l’écart se creuse avec leurs aînés. Si 79 % des 15-24 ans espèrent décrocher un contrat à durée indéterminée, ce chiffre est de 86 % chez les 25-34 ans. «  En France, le CDI reste synonyme de stabilité. Mais les jeunes ont aussi de plus en plus envie de travailler en free-lance (55 %), ou de cumuler plusieurs activités parallèles (56 %). Cette génération est majoritairement ouverte à d’autres alternatives, à de nouvelles formes de travail », analyse Frédéric Micheau, directeur du département opinion & politique chez OpinionWay et enseignant à Sciences Po Paris. En outre, selon l’étude, la génération Z «  veut vivre plusieurs expériences », à peine 26 % d’entre eux souhaitant exercer le même métier toute leur vie. «  L’idée d’une carrière linéaire dans la même entreprise est révolue », indique Mathilde Le Coz.

À quoi ressemblera «  l’entreprise idéale de demain » pour les 15-24 ans ? Selon l’enquête OpinionWay / Mazars, aucune forme particulière d’organisation «  n’attire plus qu’une autre ». Dans le détail, ils sont 11 % à rêver d’intégrer une start-up, 11 % une entreprise de taille intermédiaire, 10 % une PME, et à peine 4 % un groupe du Cac 40″. Ils sont en revanche 25 % à rêver de devenir leurs «  propres patrons ». Selon Mathilde Le Coz, «  ces résultats reflètent une forme de défiance des jeunes vis-à-vis des entreprises, ce qui pose à ces derniers un vrai défi : comment redonner confiance aux nouvelles générations ? Comment les attirer ? »

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La rémunération et le lien social, premiers leviers de motivation

Selon l’étude, 63 % des 15-24 ans (53 % chez ceux déjà en poste) considèrent que l’un des rôles de l’entreprise est de s’assurer du bien-être de ses salariés. Parmi les éléments «  motivant le plus à se rendre sur son lieu de travail le matin », la génération Z continue, comme la génération Y, à placer la rémunération en tête de liste (57 %, contre 61 % chez leurs aînés). Vient ensuite l’ambiance de travail, les échanges et interactions avec les collègues (56 %), et l’intérêt pour le poste (40 %). Les 15-24 ans sont en outre légèrement plus nombreux à placer comme critères de QVT un bon espace de travail (28 % contre 23 % chez les 25-34 ans), et le fait d’avoir «  accès à des avantages et services » (24 % contre 21 %). Ils sont aussi moins nombreux à souhaiter avoir la possibilité de travailler pour une entreprise qui assume sa responsabilité sociale (12 % contre 14 %).

La génération Z serait-elle celle des « pourris gâtés » ? « Leurs motivations sont plus matérielles et tangibles que celles des générations précédentes. Ils pensent surtout, à leur âge, à leur situation personnelle. Et en même temps, ils sont en recherche de liens, d’interactions et de collectif », explique Mathilde Le Coz. « Mais la génération Y et celles au-delà ont toujours demandé les mêmes choses. Il n’y a pas de cassure nette entre les générations. Il s’agit d’un continuum », ajoute-t-elle.

Concernant l’organisation du travail, la génération Z semble être en quête de flexibilité et d’autonomie. Les 15-24 ans sont ainsi plus nombreux que leurs aînés à souhaiter que «  les entreprises de demain » leur proposent de travailler pour elles en tant qu’indépendants (57 % contre 51 %), et ils sont aussi 73 % à rêver d’un libre choix de leurs horaires de travail. En outre, générations Z comme Y sont d’accord sur le fait de «  beaucoup travailler », mais avec «  davantage de flexibilité concernant les horaires et le lieu de travail » en échange (80 % pour chaque tranche d’âge).

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Des jeunes qui réclament le droit à l’erreur

Quelles sont les attentes des Z vis-à-vis du management ? Parmi les modes de reconnaissance attendus, la génération Z mise moins sur une rémunération satisfaisante (48 % contre 55 % chez la génération Y) que sur un manager à l’écoute (33 % contre 30 %) et une relation «  d’égal à égal » avec la hiérarchie (26 % contre 22 %). «  Les 15-24 ans ont une attente forte de bienveillance générale », constate ainsi Frédéric Micheau. Selon l’étude, ils sont moins nombreux que leurs aînés à attendre de leur manageur une transmission de compétences (37 % contre 44 %) ou une ambiance conviviale (44 % contre 48 %), mais escomptent plutôt de sa part une plus grande «  compréhension vis-à-vis de leurs erreurs » (35 % contre 27 %). «  La génération Z a un rapport plus décomplexé à l’erreur : ils considèrent le fait de se tromper comme normal, et sont ainsi un tiers à demander le droit à l’erreur », explique Mathilde Le Coz.

Pour résumer, la directrice développement des talents et innovation RH de Mazars observe que les 15-24 ans sont «  très défiants vis-à-vis de l’entreprise, ont besoin de sécurité mais sans carcan, et opèrent un retour à des fondamentaux, que sont le lien social, les interactions, la confiance, la bienveillance et l’authenticité dans les relations professionnelles ». Mais elle ajoute que ces jeunes hyperconnectés «  ne voient pas non plus leur job comme une fin en soi, notamment pour leur épanouissement ». Ce qui tendrait à expliquer pourquoi, dans une période où la quête de sens chez les salariés ressort de nombreuses études, la génération Z n’est que 12 % à souhaiter travailler dans une entreprise «  assumant sa responsabilité sociale » et à peine 40 % à considérer l’intérêt pour son poste comme principal facteur de motivation.

Dans Usbek & Rica, François Dupuy, sociologue des organisations, constate que les jeunes semblent avoir «  intégré l’incapacité des entreprises » à donner du sens au travail. «  Aujourd’hui, les nouveaux entrants ont une pratique beaucoup plus instrumentale du travail : ils viennent y chercher les ressources, financières notamment, pour vivre la vie qu’ils désirent en dehors du travail », indique-t-il.

 

(1) Les répondants de 15-24 ans sont autant des hommes que des femmes, sont sans diplôme ou titulaires d’un BEPC/CAP/BEP à 44 %, ont décroché le Bac à 31 %, et ont un niveau Bac+2 et supérieur dans 25 % des cas. Les 25-34 ans interrogés sont titulaires pour 59 % d’un Bac +2 ou plus, à 22 % du Bac, et ne sont que 19 % à être sans diplôme ou d’un niveau inférieur au Bac.