Cinq arguments de poids pour négocier des journées de télétravail

Revue de Presse

Source : lefigaro.fr(19 février 2019)

Besoin d’être seul, de concentration maximale, d’éviter des transports bondés… Parfois, travailler chez soi semble l’option la plus propice à l’efficacité. Cinq pistes pour convaincre son employeur.

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En 2019, « être fidèle au poste» a pris un sens nouveau. Le bureau s’est dématérialisé. Et la vie en openspace a éloigné plus d’un salarié. Besoin d’être seul, de concentration maximale, d’éviter des transports bondés. Parfois, travailler chez soi semble l’option la plus propice à l’efficacité.

Le télétravail effraie, divise, mais fait son trou, même s’il reste très difficile à quantifier en France. Selon une étude de Malakoff Médéric, 25% des salariés le pratiquent de façon occasionnelle. …/… Des chiffres qui paraissent faibles dans un contexte plutôt favorable à plus de flexibilité. Les ordonnances Macron de 2017 ont autorisé le télétravail sur simple accord du manager. Dans cette lignée, des cabinets de conseil aident aujourd’hui les entreprises dans leur transition vers un modèle hybride : mi-bureau, mi télétravail. C’est le cas de LBMG. « Nous accompagnons principalement des entreprises du secteur tertiaire, banque, assurance, ressources humaines, comptabilité, etc.», explique Hortense Penhirin, l’une des consultantes du cabinet. Dans ces secteurs, la demande est forte.

Mais les freins restent nombreux. « Les entreprises ne sont pas toujours outillées techniquement pour pouvoir travailler et communiquer à distance. Et surtout, nous avons en France une forte culture du présentéisme : il faut montrer qu’on est devant son ordinateur pour laisser entendre que l’on met du cœur à l’ouvrage.» Si vous voulez convaincre votre manager que travailler de chez vous sera (aussi) bénéfique à l’entreprise, pensez alors à…

Vous montrer indispensable

Si vous affichez une attitude peu impliquée, les chances sont minces que votre supérieur vous accorde une journée en dehors des radars du bureau. « Il paraît évident qu’une relation de confiance est déterminante au moment de négocier une journée de télétravail», explique Hortense Penhirin. En plus de cela, faire preuve d’une expertise sur des questions très précises peut être un réel atout. « Le salarié, s’il se spécialise et possède des connaissances de niche, a une position dominante car sans lui, il manquerait une ressource précieuse à l’entreprise.» Attention à user de cet argument de façon subtile, sans vous décréter vous-même indispensable ni dégrader vos relations professionnelles.

Demander à faire un test

Difficile à refuser, c’est une première étape (quasi) inévitable. Si vous vous en sortez avec brio, et êtes capable de présenter un travail de qualité après vos journées tests, votre manager sera plus enclin à renouveler l’expérience. Peut-être même à la pérenniser, voire à l’étendre à vos collègues. « Chez LBMG, nous mettons en place des tests de 3 mois au sein des entreprises qui souhaitent s’ouvrir au télétravail. A l’issue de ces périodes d’expérimentation, nous analysons la situation avec les salariés et les managers. Puis nous proposons un feedback complet. Dans les métiers où le travail produit est quantifiable, nous mettons des chiffres sur la table. Par exemple, dans un call center, nous comptons le nombre d’appels passés. Dans les métiers non quantifiables, nous nous basons sur le ressenti (communication, etc.). Aussi, nous regardons l’impact du télétravail sur l’équipe.»

Rester joignable

Rassurez votre employeur et vos collègues : si vous travailliez de chez vous, vous resteriez joignable. Vous ne seriez peut-être pas toujours disponible dans l’immédiat, puisque le principe du télétravail est de pouvoir aller chercher vos enfants pendant les horaires « de bureau», déjeuner à des heures tardives, ou encore faire 30 minutes de sport… mais il reste important d’être réactif et de dire aux gens que vous les rappelerez dès que possible. « Pour faciliter la communication, il faut qu’une bonne partie du travail soit dématérialisée. Mais aussi que les logiciels soient accessibles à distance. Ce qui n’est pas toujours le cas.»

La mise en place d’outils collaboratifs est aussi une piste à explorer avant de voir aboutir votre demande : Skype, Slack, etc. Pensez aussi à mettre en place un renvoi d’appel, sous peine d’obliger vos collègues à jouer aux standardistes, ou d’entendre sonner votre téléphone à longueur de journée.

Prouver votre efficacité en télétravail

Il y a 1000 façons d’être efficace. Dans un bureau traversé par de nombreuses personnes, animé par de nombreuses voix, et agité par de nombreux aléas, la concentration peut faire défaut. Parfois, seules les tâches les plus fragmentées (répondre à des mails, organiser son agenda, passer quelques appels, etc.) peuvent se faire en open space. « Chez soi, on est bien moins sollicité. Dans un open space, et même dans un bureau personnel, on est souvent interrompu. Le télétravail est souvent convoité en vue d’effectuer des tâches de fond.»

Autre facteur de fatigue au bureau – et donc de moindre concentration – : le temps de transports nécessaire pour y arriver, qui peut causer des retards, des départs plus tôt, etc. « Les transports sont une grande source de stress. Les télétravailleurs ont parfois l’impression de revenir de week-end lorsqu’ils reviennent d’une journée de travail à distance, aussi intense eut-elle été.» Selon une étude de Stanford, les gens sont en moyenne 12% plus efficaces en télétravail. Auprès d’un manager, cet argument pourrait faire mouche.

Calculer les économies qui pourraient être faites

Elles ne sont pas élevées, mais pourraient arranger un patron en recherche de pécules : électricité, moindres frais de bouche… ou immobiliers. « Dans certaines entreprises, un « flex office» a été instauré : les postes sont désattribués. Ceux qui viennent au bureau peuvent s’installer où ils le souhaitent.» Les entreprises peuvent ainsi faire des économies en installant moins de places que de salariés. « En contrepartie, les gens peuvent travailler chez eux.»