Coup de vent avant la tempête Voilà comment détecter si vous êtes dans les prémices d’un burn-out

Revue de Presse

Source : atlantico.fr (14 juin 2019)

Dans le cadre de sa onzième révision de la Classification internationale des maladies, l’OMS définit le ‘burn-out’ comme un syndrome ‘résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès’. Selon cette définition, 595 000 britanniques ont fait un ‘burn-out’ en 2018. En quoi cette récente définition du burn-out est-elle nouvelle et différente des précédentes ?

François Baumann :  Cette nouvelle définition est moins restrictive que les précédentes, qui d’ailleurs n’avaient jamais atteint le niveau de l’OMS. Le maximum atteint par la France, c’était la Haute Autorité de Santé qui avait reconnu ce syndrome comme tel. Sinon, il n’y a jamais eu de reconnaissance ni au niveau universitaire ni à celui de l’académie de médecine : c’est donc un progrès formidable, notamment pour les personnes qui souffrent réellement de ‘burn-out’. Ce qui encore mieux, c’est l’extension du burn-out à d’autres domaines que celui du travail : plusieurs ouvrages avaient déjà été écrits sur le sujet mais qui n’étaient pas scientifiques. Ce texte à l’OMS donne une caution supplémentaire à ces travaux.

On parle parfois de ‘burn-out parental’ ou ‘burn-out scolaire’. Le burn-out n’est-il pas un épuisement à la tâche plutôt qu’un épuisement au travail ?

Le burn-out est un phénomène de société : c’est bel et bien un épuisement à la tâche. Le travail est une tâche, mais il y en a beaucoup d’autres. Les premiers cas de burn-out que j’ai vu étaient des cas de personnes qui se surmenaient et ressentaient du stress au travail, ce qui ne veut pas dire qu’ils se surmenaient dans d’autres domaines et finissaient ‘K.O. debout’ au sens propre. Il y a de plus en plus de ‘burn-out light’, pour faire un anglicisme supplémentaire, parce que les nouveaux troubles ressemblent à du ‘burn-out’ mais ne sont que des dépressions et ne correspondent pas à la définition première du burn-out qui se décline en trois points précis. Je parle dans un de mes livres de ‘l’extension du domaine du burn-out’ : c’est encore plus vrai avec cette définition. Je prépare un nouveau livre qui porte non plus sur le ‘burn-out’ en lui-même, mais les causes extérieures du ‘burn-out’, ce qu’amène le monde extérieur aux gens en matière de souffrances (les collègues de bureau, les patrons, les employés entre eux). Tout cela s’étend beaucoup parce que le travail prend plus d’importance qu’avant dans notre société, il est pris au sérieux davantage, comme beaucoup de choses d’ailleurs du fait du perfectionnisme ambiant. Ce sont pour moi les raisons majeures de l’augmentation du nombre de ‘burn-out’.

Le burn-out est un état dépressif en rapport avec le stress, qui a les caractéristiques de la dépression définie dans la DSM4, c’est-à-dire tous les signes cliniques (insomnie, dégoût de tout etc.) Cela rentre dans toutes les formes du ‘burn-out’ pour synthétiser une symptomatologie. Les Américains le font toujours mieux que nous depuis toujours : ils arrivent à synthétiser en un mot ce qu’on met quatre heures à montrer.

Le burn-out est-il une maladie à part entière ? Comment le différencier d’autres troubles psychologiques, tels que la dépression ?

La différence entre le burn-out et la dépression, c’est que la dépression fait partie du burn-out. Le burn-out comporte parmi ses symptomatologies des signes dépressifs. Par contre, on est devant des pathologies nouvelles de burn-out et certains pays prennent vite le train en marche et l’adaptent à leurs lois et d’autres (les pays latins) sont plus lents. Tout le monde ne parle pas de maladie au sujet du burn-out. Ce sont des troubles multiformes qui réalisent un syndrome, qui donnent des signes mais qu’on ne pas appeler maladie (cela voudrait dire qu’on sait définir une maladie à proprement parler). Ces problèmes de définition doivent donner des réponses aux personnes qui se mettent en arrêt maladie à cause du burn-out et qui ont besoin d’une reconnaissance.

A l’aune de cette nouvelle définition, comment diagnostiquer un burn-out et le traiter efficacement ?

Le fait de mettre un nom et de montrer que le burn-out est reconnu, même si c’est un syndrome et non une maladie, est déjà une belle avancée. Quand j’ai commencé à travailler sur cette maladie, je n’avais pas d’étiquette à mettre. Or on sait que c’est important d’en mettre une. Petit à petit, on affine le traitement, mais les thérapeutiques restent les mêmes : celles qui passent par l’arrêt de travail, l’éloignement de la famille quand c’est elle en cause, etc. Le burn-out est un état symptomatique qui donne des signes reconnus comme tels par un médecin. Par la suite, on cherche la cause et on la traite.

Comment savoir à quel degré de burn-out est une personne qui pense être frappée par une dépression ?

On ne sait pas à quelle vitesse ces choses-là évoluent. Dès qu’il y a une modification dans les relations au travail ou dans la famille, c’est-à-dire quand le caractère d’une personne se modifie (quelqu’un de calme qui se met en colère, quelqu’un de passif qui perd la raison), alors il faut consulter un médecin. C’est là que les traitements n’ont pas encore beaucoup évolué : on donne des antidépresseurs, moins que pour une dépression classique. Il y a encore des personnes qui sont hospitalisées pour cette raison.