Le paiement mobile, martingale des opérateurs télécoms

Revue de Presse

Source : lopinion.fr (25 septembre 2019)

Le paiement mobile fait partie des offres nécessaires pour fidéliser les consommateurs. Face à la multitude d’acteurs présents sur ce marché, les opérateurs télécoms ont un avantage concurrentiel, souligne une étude de Mazars.

40,8 milliards de dollars de paiements mobiles enregistrés dans le monde en décembre 2018, un chiffre en hausse de 57 % en deux ans (*) et qui va encore bondir à l’avenir  : voilà de quoi aiguiser l’appétit des géants de la tech, opérateurs télécoms, banques, plateformes de commerce et autres distributeurs installés, tous chasseurs de données indispensables pour fidéliser les clients.

C’est logique, le marché est en plein boom dans les pays les moins bancarisés, confirme une étude de Mazars sur le sujet  : 67 % des Kenyans, 57 % des Chinois sont adeptes du paiement mobile. Ils sont nettement plus frileux en France (13 %) où «  l’on reste très attaché à la carte de crédit et où, au-delà du paiement sans contact qu’elle offre, l’adhésion de la population à ces nouveaux services est encore relativement faible », commente Julien Huvé, associé responsable du secteur télécom chez Mazars.

En Afrique, les offres des opérateurs télécoms font un carton. Lancés il y a une dizaine d’années déjà, M-Pesa au Kenya et en Afrique de l’Est, Orange Money en Afrique francophone, MTN Mobile Money au Ghana, notamment, ont rapidement conquis des dizaines de millions de clients. En Chine, ce sont Alipay et WeChat Pay, bras armés des mastodontes du web Alibaba et WeChat, qui se taillent la part du lion. Là-bas, les «  telcos » ne captent que 13,5 % du marché du paiement mobile. «  Les grands de la tech ont conquis la place en intégrant les services financiers à une offre plus globale, poursuit Julien Huvé. Les opérateurs télécoms vont devoir investir massivement s’ils veulent rattraper leur retard. »

Les pays les plus avancés progressent, eux, en ordre très dispersé. Champion des technologies mais réfractaire à la dématérialisation, le Japon ne figure même pas dans le palmarès Mazars des 17 pays les plus ouverts aux paiements mobiles. Troisième derrière la Chine et les Etats-Unis, le Royaume-Uni est pionnier en Europe. Pour mieux servir leurs clients asiatiques, des commerçants du pays de Boris Johnson acceptent même Alipay et WeChat Pay. Aujourd’hui, 14 % des paiements totaux sont réalisés via un service mobile, c’est 17 % dans l’Empire du milieu. Et seulement 9 % en France.

«  Quelles qu’elles soient, toutes ces offres visent à enrichir l’expérience-client qui sera de plus en plus discriminante à l’avenir. Dans ce domaine les opérateurs télécoms ont un avantage concurrentiel. Ils ont un réseau, la connaissance technologique et une bonne maîtrise de la sécurité. Et votre smartphone est dans votre poche, commente l’expert de Mazars. A niveau de connectivité et de couverture équivalent, car imposé par le régulateur, la question sera de savoir ce que chacun propose à ses clients. Les services financiers font clairement partie d’une offre globale destinée à simplifier la vie des entreprises et des consommateurs. Ce sera encore plus vrai avec le déploiement de la 5G. Ceux qui seront capables de l’intégrer seront en bonne posture pour gagner des parts de marché, les autres risquent de se retrouver en grande difficulté. »

Les uns après les autres, de grands opérateurs proposent des solutions de paiements mobiles, du français Orange (Orange Money/Orange Bank), au sud-africain MTN (MTN Mobile Money) en passant par le norvégien Telenor (Telenor Microfinance Bank), l’américain T-Mobile (T-Mobile Money) ou encore le kenyan Safaricom (M-Pesa). Seul à s’être lancé dans l’Hexagone, Orange connaît, en matière de paiement mobile, plus de succès en Afrique. Question de maturité des usages…

) GSMA Mobile Money Dataset