Fonctionnaires : le gouvernement revoit ses coupes à la baisse

Revue de Presse

Source : libération.fr (26 septembre 2019)

L’objectif de 50 000 suppressions de postes dans la fonction publique d’Etat sur l’ensemble du quinquennat est définitivement abandonné. Le chiffre de 10 500 est désormais affiché. En 2020, ce ne sera que… 47.

  • Fonctionnaires : le gouvernement revoit ses coupes à la baisse
    La promesse électorale est définitivement enterrée. Cela fera hurler la droite et rassurera une partie des syndicats qui redoutaient l’objectif de 50 000 suppressions de postes dans la fonction publique d’Etat annoncé par Emmanuel Macron en début de quinquennat. Selon les chiffres communiqués par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2020, présenté ce vendredi en conseil des ministres, ce seront finalement 10 500 postes qui seront supprimés d’ici 2022. L’an prochain, les effectifs des ministères et de ses opérateurs seront d’ailleurs stables  : 47 postes en moins. Et encore, l’effort est supporté par les opérateurs de l’Etat (-232 postes en 2020) quand le nombre de fonctionnaires d’Etat purs sera en augmentation (+196).

10000000000002ee000002eea5e2f2fdc90a32ed.pngInfographie : Evolution des effectifs de l’Etat et des opérateurs

Après trois exercices budgétaires, le gouvernement serait donc à 5 800 postes supprimés dans la fonction publique d’Etat (1 660 équivalents temps plein en 2018 et un peu plus de 4 100 en 2019). Le ministre chargé du dossier, Gérald Darmanin, a beau expliquer à la presse qu’ « on est à la moitié de l’engagement du président de la République en 2017», c’est trop vite oublier que le chef de l’Etat, dans sa campagne électorale, promettait une suppression, d’ici 2022, de 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat et 70 000 dans les collectivités locales.

Macron déjà prêt à « lever cet objectif»

Mais déjà, au printemps, l’Elysée avait revu ces ambitions à la baisse pour cause de pression sociale. Lors de sa grande conférence de presse fin avril, Emmanuel Macron avait indiqué faire une croix sur cet objectif de 50 000 postes. « Quand on doit réinvestir dans la sécurité, dans l’éducation et dans la justice, je ne vais pas donner des injonctions contradictoires au gouvernement, affirmait-il. Au vu de cette sortie du grand débat, il faut qu’on soit réaliste, et voir si c’est tenable de maintenir l’objectif de maintenir les suppressions annoncées. Je suis prêt à lever cet objectif.» Cet été, Darmanin confirmait une nouvelle cible à 15 000 (dont 2 000 pour 2020). Ce sera finalement encore moins.

« Le delta principal provient essentiellement de l’Education nationale car à l’issue du grand débat, il a été décidé de geler les efforts de ce ministère», explique-t-on à Bercy. Après 1 800 fonctionnaires en moins en 2019, le budget 2020 annonce zéro prof en moins. Jean-Michel Blanquer ne doit assumer qu’une perte de 42 postes dans des organismes qui lui sont rattachés. En revanche, Bercy devra encore faire beaucoup d’efforts (-1 666 pour l’Action et les Comptes publics et -306 pour l’Economie et les Finances), tout comme le ministère de la Transition écologique et solidaire (-1 073 postes l’an prochain après, déjà, -1 078 en 2019). Les grands gagnants restent le ministère de l’Intérieur (+1 536) et la Justice (+1 520), loin devant les Armées (+274).

Premiers touchés : Bercy et l’Ecologie

Ce trio régalien sort d’ailleurs en tête des 17 000 créations de postes prévues par Bercy sur le quinquennat  : 7 500 policiers, 2 500 gendarmes, 6 000 postes dans la Justice et 1 900 militaires supplémentaires. A l’inverse, sur les quelque 27 000 suppressions de postes, plus d’un tiers seront assumés par les fonctionnaires de Bercy (10 000 pour les finances publiques et 1 300 pour le ministère de l’Economie). « Nous nous sentons un peu seuls», a ironisé Bruno Le Maire en évoquant les oppositions qui ne soutiennent jamais leur mesure mais – aussi – en échos à d’autres camarades du gouvernement qui feraient trop peu d’efforts.

Viennent ensuite, selon des chiffres communiqués par Gérald Darmanin, le ministère de la Transition énergétique et solidaire (5 700 suppressions de postes sur le quinquennat) et les ministères du Travail et de la Santé (5 100 postes). L’exécutif jure qu’il s’agit là de « mutualisation», de « fusion» ou de « réorganisation des services de l’Etat», pas sûr que ce soit un bon signal quand, dans le même temps, le gouvernement tente de convaincre qu’il lutte activement contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité.