Orange enterre la hache de guerre avec le régulateur des télécoms

Revue de Presse

Source : lefigaro.fr (27 septembre 2019)

Après plusieurs mois de tension, l’opérateur historique renonce à saisir le Conseil Constitutionnel et pacifie ses relations avec le régulateur.

L’heure est à l’apaisement entre Orange et l’Arcep, le régulateur des télécoms. Jeudi, Stéphane Richard, PDG de l’opérateur français, accompagné notamment de son secrétaire général, Nicolas Guérin, ont été auditionnés par le collège de l’Arcep. Le sujet était « d’expliquer le ressenti des agents d’Orange face aux procédures engagées par l’Autorité». En signe d’apaisement, Orange a indiqué au collège sa décision de retirer la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qu’elle avait déposée. De son côté, l’Arcep a « salué le travail de toutes les équipes qui déploient chaque jour des réseaux sur le territoire».

La brouille entre l’opérateur et son régulateur ne date pas d’hier. Orange reproche notamment à l’Arcep d’avoir rendu publique une possible amende record en octobre 2018, la veille de la publication de résultats trimestriels. Un « timing désastreux» qui avait agacé au plus au point la direction de l’opérateur. Elle reproche aussi à l’Arcep des propos ambigus sur le déploiement de la fibre, puisque le régulateur encourage au déploiement des réseaux, mais en même temps, cherche à éviter qu’Orange soit trop en avance par rapport à ses rivaux. En juillet, l’Arcep a mis en demeure anticipée Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR, estimant qu’ils n’allaient pas assez vite pour le déploiement de la 4G, dans le cadre des engagements pris dans le contrat New Deal.

La 5G en ligne de mire

Orange avait finalement riposté en déposant une QPC, contestant le pouvoir de sanction du régulateur. Si l’opérateur était allé jusqu’au bout de sa démarche et s’il avait obtenu gain de cause, il aurait sans doute fallu la rédaction d’une nouvelle loi pour que l’Arcep conserve son pouvoir de sanction. Tout cela a été remisé dans des placards, sur fond de réconciliation générale. Il est d’autant plus important pour Orange de fumer le calumet de la paix avec l’Arcep que se profile l’attribution des fréquences 5G. Dans ce dossier le régulateur fixe les modalités et peut jouer de son influence sur la détermination du prix de réserve par Bercy.

Or, mercredi matin, devant les parlementaires, Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, a revêtu un nouveau costume, celui de défenseurs du secteur des télécoms, multipliant les hommages vibrants aux efforts des opérateurs nationaux, à la fois dans la fibre et la 4G. Il a noté « l’augmentation de 40% des investissements des opérateurs ses quatre dernières années», s’est dit « confiant sur la mobilisation des opérateurs». « Il se passe quelque chose d’exceptionnel dans notre pays, c’est exceptionnel», a insisté le président de l’Arcep. Le message aux élus locaux est on ne peut plus clair, le régulateur les incite à arrêter de tirer à boulet rouge sur les opérateurs télécoms en général et Orange en particulier. Le chantier industriel est énorme et il faut s’armer de patience!

Sébastien Soriano a aussi souligné la complexité des défis qui attendent les opérateurs avec le déploiement prévu dès 2020 de la 5G. Il s’est dit en faveur d’un déploiement de la 5G en adéquation avec les caractéristiques de cette nouvelle technologie. Mais il a aussi indiqué il faudrait que le prix à payer par les opérateurs pour accéder aux fréquences de la 5G soit raisonnable, pour leur permettre de tenir des objectifs de déploiement ambitieux.