Panne des numéros d’urgence chez Orange : le PDG de l’opérateur s’explique devant les députés

Revue de Presse

Source : lemonde.fr (16 juin 2021 )

Le 2 juin en fin de journée, les numéros 15, 17, 18 et 112 ont été inaccessibles ou joignables seulement après de multiples tentatives. Cette panne a affecté tout le territoire. Cinq morts suspectes ont été constatées.

Deux semaines après la panne du réseau de l’opérateur Orange, le PDG de la firme de télécommunications, Stéphane Richard, était appelé à s’expliquer mercredi 16 juin devant les députés de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.

«  Ce n’est pas un problème de sous-investissement de la part d’Orange, ce n’est pas lié au réseau cuivre, c’est lié à un bug logiciel préexistant » sur un équipement «  installé en 2016 », a expliqué Stéphane Richard devant les députés.

Le «  bug logiciel, qui ne s’était pas manifesté jusque-là, s’est produit au moment d’une commande de reconnexion (…) à l’occasion d’une opération de modernisation et d’extension du réseau pour faire face à l’augmentation du trafic que nous avons observée tout au long de l’année 2020 » a détaillé Stéphane Richard.

Le 2 juin en fin de journée, les numéros 15, 17, 18 et 112 étaient pour beaucoup de Français inaccessibles ou joignables seulement après de multiples tentatives. Cette panne a de façon inédite affecté tout le territoire.

A ce jour, cinq morts suspectes ont été constatées simultanément à ladite panne  : dans le Morbihan, la Haute-Saône, la Vendée, les Bouches-du-Rhône, et à la Réunion. Selon les conclusions de l’enquête d’Orange, publiée le 11 juin, ce sont 11 800 appels (soit 11 % du total) qui n’ont pas été acheminés pendant la panne du 2 juin, entre 16 heures 45 et minuit.

Ce dysfonctionnement «  est la conséquence d’un bug dans les logiciels des call servers », c’est-à-dire les équipements techniques qui gèrent l’interconnexion entre le réseau IP et l’ancien réseau analogique, avait exposé Orange à l’issue de l’enquête. L’entreprise écarte également la piste d’une cyberattaque.

Faiblesse dans la communication de crise

Pour M. Richard, «  cet incident n’est pas lié à un sous-investissement, mais à un investissement. Tous les messages sur l’obsolescence du réseau sont hors sujet », a-t-il affirmé mercredi.

Le dirigeant de l’opérateur a néanmoins reconnu devant les députés «  des faiblesses » dans la communication de crise de la part de son groupe lors de la panne.

Le 2 juin, «  la mobilisation technique a été immédiate », mais «  l’activation des cellules de crise, et notamment managériales, a été trop lente », a estimé M. Richard. Il a ainsi annoncé que le délai de déclenchement de ces cellules «  passer[ait] de deux heures à trente minutes », comme l’a recommandé l’enquête interne d’Orange.

S’il «  n’appartient pas » aux opérateurs «  de se prononcer » sur la mise en place d’un numéro d’urgence unique (qui fait actuellement débat), le recours à «  des campagnes d’envois de SMS (…) à toute la population » pour signaler un numéro de secours en cas de nouvelle panne est une mesure «  à envisager », dans la mesure où elle est possible à mettre en place techniquement, a par ailleurs déclaré M. Richard aux députés.

Le PDG d’Orange, qui préside aussi l’Association internationale des opérateurs télécoms, va également proposer la création «  d’une cellule chargée de répertorier, analyser et partager les expériences des sept cent cinquante opérateurs mondiaux sur ce type de dysfonctionnement », ainsi qu’il a pu l’expliquer aux députés après avoir cité une liste d’incidents similaires survenus chez d’autres opérateurs à l’étranger.