Pouvoir d’achat, salaires : l’Unsa alerte sur une possible crise sociale

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Source : lesechos.fr (15 février 2022 )

La question du pouvoir d’achat va occuper le prochain quinquennat, a prévenu, ce mardi, le secrétaire général de l’Unsa, Laurent Escure. Une enquête du syndicat auprès de plus de 40.000 salariés montre une forte demande de hausse des rémunérations.

Attention, risque d’explosion sociale. Parce qu’elle ne peut pas rester à côté de la revendication du moment, mais aussi par crainte que la partie ne se joue sans elle, l’Unsa fait entendre sa voix sur la question du pouvoir d’achat , en choisissant le mode alerte. «  C’est bien que les candidats ne restent pas sourds et aveugles face à la première préoccupation des Français », a insisté son secrétaire général, Laurent Escure, lors de la présentation ce mardi d’une enquête sur les aspirations des salariés.

Pas question pour autant de regarder les trains passer, comme ce fut le cas avec les «  gilets jaunes », voire leur réminiscence des «  convois de la liberté » du week-end dernier  : «  Je préfère que les syndicats jouent les figures de pointe plutôt que de rester sur les trottoirs à regarder les cortèges », a-t-il ajouté en substance, certain que la question va occuper le prochain quinquennat.

L’enquête a recueilli les réponses de près de 40.300 salariés du privé ou du public – adhérents ou proches de l’Unsa ou d’une autre organisation, ou non syndiqués, à 60 % âgés de 46 à 60 ans. Elle montre que l’augmentation de tous les salaires, l’encadrement du prix des loyers et des produits de première nécessité, ou la diminution des taxes sont les réponses les plus mises en avant pour améliorer durablement le pouvoir d’achat.

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«  Une alerte sérieuse sur la fragilité des Français »

Près d’un répondant sur deux fixe le revenu minium pour vivre décemment au niveau du salaire médian, soit 1.789 euros ; un quart à au moins 2.000 euros, soit plus de 700 euros par rapport au SMIC net mensuel, jauge jugée suffisante par moins de 18 % d’entre eux. «  Les répondants ne sont pas gourmands », estime Madani Cheurfa, consultant pour l’institut BVA qui voit dans ces résultats «  une alerte sérieuse sur la fragilité des Français ». Gagner plus pour vivre mieux, mais aussi acheter plus cher un produit dès lors que sa production a été relocalisée  : le oui est plébiscité.

Toujours selon Madani Cheurfa, l’enquête fait ressortir un changement de perception dans la société  : le retour du plein-emploi corrélé à toujours plus de bas salaires, et donc de précarité, ne passe plus. Depuis la crise de 2008, abonde Laurent Escure, les salariés sont victimes d’une contrainte de modération salariale en lien avec la lutte contre le chômage. «  La parenthèse doit se refermer », a-t-il dit, revendiquant une hausse générale du SMIC et des minima de branches, couplée avec le dégel du point d’indice des fonctionnaires.

Du point de vue de l’Unsa, la défense du pouvoir d’achat comporte aussi une dimension existentielle car elle permet d’aller convaincre de l’utilité d’un syndicat en dehors de la sphère, «  qui devient minoritaire » selon son secrétaire général, des salariés protégés  : chez les indépendants, dans les TPE ou parmi les mères isolées. «  Les fractures prennent aussi racine dans cette France-là », a-t-il pointé.

À noter

L’Unsa, la CGT, FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse appellent à la grève le 17 mars pour les salaires et les pensions.