Source : leparisien.fr (18 septembre 2015)
Les syndicats sont-ils prêts pour le renforcement du dialogue social que prévoit le gouvernement? Pour gagner en influence et attractivité, des propositions fusent, de l’adhésion quasi-obligatoire, qui ne fait pas consensus, au syndicalisme de service aux adhérents.
Le constat est décevant : les organisations syndicales souffrent d’un déficit de popularité, relèvent des sondages, leur nombre est pléthorique (huit, sans volonté de fusionner), et leurs adhérents restent rares (8% des salariés).
Mais les centrales ne veulent pas être jugées sur le seul nombre de militants. « Comme pour les partis politiques, l’influence des syndicats se mesure désormais à l’aune de leurs résultats aux élections professionnelles », souligne auprès de l’AFP Luc Bérille, numéro un de l’UNSA .
Et là, ils s’en sortent mieux. Le taux de participation dans les grands groupes est en moyenne de 65%.
Mais, demeurent les « déserts syndicaux », ces nombreuses PME où les organisations sont absentes.
S’ils font l’économie de cotisations versées aux syndicats, les salariés français bénéficient des accords que ceux-ci négocient. « 95% des salariés sont couverts par des conventions collectives de branche », rappelle Jean-Denis Combrexelle dans son rapport qui sert de base à la future loi sur la réforme du dialogue social.
Une telle couverture « a peu d’équivalent dans les autres pays », souligne-t-il, puisque, selon la loi, les conventions sont étendues à tous les salariés du secteur et pas seulement aux adhérents des syndicats signataires.
En Allemagne, seuls 60% des salariés des anciens länders et 48% des nouveaux étaient en 2012 protégés par une convention de branche, relève le chercheur Olivier Giraud.
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– « Sacerdoce syndical »
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Luc Bérille « doute de son caractère opérationnel » compte tenu des « différences de culture » entre l’Allemagne, où prévalent les accords de branche relevant des seuls partenaires sociaux, et la France, où l’Etat joue un rôle prépondérant.
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Quelle autre solution alors? Luc Bérille table sur un effet bénéfique de la réforme Combrexelle qui, « en élargissant le dialogue social, permet de poser la question de l’utilité syndicale ».
M. Combrexelle, lui, estime qu’il faut rendre les parcours syndicaux « plus attractifs pour les jeunes, et non comme un sacerdoce syndical à caractère sacrificiel pour la carrière ».
La récente loi Rebsamen sur le dialogue social a fait des pas en ce sens, prévoyant une « valorisation » des parcours des syndicalistes.
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