La retraite : de plus en plus tard ?

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Source : fortuneo.fr (19 Novembre 2015)

La réforme des retraites menée en 2010 par le Président Nicolas Sarkozy visait à résoudre l’épineuse question de la soutenabilité du régime de pension français. Ainsi, l’âge légal de départ à la retraite reculera progressivement pour atteindre 62 ans en 2017. Si plusieurs facteurs démographiques et économiques sont à l’origine des déficits chroniques de notre système national, le Conseil d’Orientation des Retraites a remis au Gouvernement en juin dernier, un rapport évoquant de nouvelles pistes visant à le pérenniser. Voici un décryptage des causes et solutions potentielles au problème des retraites.

Départ à la retraite : à partir de quand est-ce possible ?

Tout d’abord, rappelons que l’âge légal de départ à la retraite est l’âge à partir duquel un travailleur a le droit de partir en retraite. Contrairement aux idées reçues, il ne vous suffit pas d’atteindre cet âge pour cesser de travailler !

En effet, il existe également un nombre de trimestres de cotisations nécessaires pour vous permettre de toucher votre retraite à taux plein, et qui dépend de votre année de naissance. Par exemple, si vous êtes né après 1973, il vous faut avoir travaillé au minimum 172 trimestres (soit 43 ans) pour bénéficier du taux plein. Dans le cas contraire, une décote s’appliquera.

Petit conseil : intégrez bien cette donnée dans vos calculs pour pouvoir percevoir l’intégralité de vos droits.

Un système de retraites insoutenable à moyen terme ?

Trois chiffres résument l’apparente difficulté de maintenir à long terme le système de retraites tel qu’il existe aujourd’hui, en tout cas dans l’état actuel de la démographie, de l’emploi et de fiscalité nationales.

Premièrement, les Français vivent plus vieux ! Notre espérance de vie moyenne a augmenté de plus de 12 ans depuis 1960 et atteignait 82,57 ans en 2012.

Deuxièmement, avec la chute de la natalité des dernières décennies, les jeunes générations – proportionnellement moins nombreuses – sont chargées de financer l’arrivée massive des baby-boomers à l’âge de la retraite.
On comptait en moyenne 4 actifs pour un retraité en 1960.
On en dénombre 1,4 par retraité aujourd’hui.
Les projections démographiques prévoient une accentuation du phénomène dans les prochaines années !

Enfin, la fin du plein-emploi depuis les années 1970 et le maintien d’un chômage à un taux important (10,3 % au deuxième trimestre 2015) ont considérablement réduit le ratio des cotisants au sein de la population française.

Repousser l’âge légal de la retraite via un système de décote ?

Conséquence directe de ces évolutions : les régimes de base gérés par la Caisse nationale de l’assurance-vieillesse accumulent plus de 67 milliards d’euros de dettes. De leur côté, les régimes de retraite complémentaire que sont l’Arrco (caisse des salariés du privé) et l’Agirc (caisse des cadres) ont vu leur déficit doubler entre 2013 et 2014.

Dans cette optique, une nouvelle hausse de l’âge de départ à la retraite se profile. Elle pourrait cependant se faire de manière indirecte via une décote incitant les salariés à travailler plus longtemps. Comment cela fonctionnerait ?

Si l’on s’inspire des propositions faites par le Medef sur le sujet, une décote de 30 % pourrait être appliquée sur vos pensions de retraites si vous quittez le travail à 62 ans, 20 % à 63 ans et 10 % à 64 ans. En résumé, pour toucher tous vos droits, vous devrez quitter le travail à 65 ans, que vous ayez cotisé un nombre de trimestres suffisant ou pas.

Les taux de la décote ne sont toutefois pas encore définis et devraient être bien plus faibles qu’évoqués dans cette proposition. Cette mesure, qui n’est même pas au stade de projet de loi, pourrait cependant voir le jour à l’horizon 2020. Elle ne s’appliquerait toutefois pas aux retraités les plus modestes.

Les autres pistes de réformes envisagées

Enfin, le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites préconise d’autres mesures complémentaires telles que :

L’augmentation des cotisations : plébiscitée par les syndicats, elle fait polémique du côté des organisations patronales.
La fusion des régimes Arrco et Agirc dans un souci de rationalisation et d’économies.
La réduction du niveau d’indexation des pensions de retraites. Cette mesure est la plus contestée car elle implique que le montant des retraites pourrait croître moins rapidement que l’inflation.

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Si un nouveau recul de l’âge de départ en retraite semble inéluctable, il pourrait ne pas régler à lui seul le problème des retraites. N’oubliez pas que pour bénéficier de votre taux plein, la prise en compte du nombre de vos trimestres est indispensable. Enfin, retraite ne signifie pas automatiquement arrêt de tout activité professionnelle. Aujourd’hui, plus de 500 000 retraités du privé disposent d’une activité rémunérée permise par la loi sur le cumul emploi-retraite.