Le plaidoyer de Stéphane Richard pour le rachat de Bouygues Telecom

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Source : lemonde.fr/economie (12 janvier 2016)

Pourquoi Orange souhaite-t-il racheter Bouygues Telecom ? Quels sont les intérêts des industriels et des consommateurs ? A l’occasion de ses traditionnels vœux, Stéphane Richard s’est livré, mardi 12 janvier, à un véritable plaidoyer défendant l’intérêt d’une telle opération. Une sorte d’avant-goût des arguments que devrait aller présenter le patron d’Orange devant l’autorité de la concurrence, qui constitue certainement le principal obstacle à ce rapprochement.

Un contexte européen propice à la consolidation

Stéphane Richard s’est longuement étendu sur la nécessité pour les opérateurs européens de se consolider. « Les opérateurs européens sont dans une situation de fragilité, lorsqu’on les compare à leurs homologues des autres continents. L’investissement aux Etats-Unis par personne est le double de ce qu’il est en Europe. Telle que l’industrie est composée aujourd’hui, elle ne permet pas d’investir pour réaliser la révolution digitale que tout le monde souhaite. L’Europe n’est pas en avance sur la 4G ou autres avancées. En Chine, China Telecom investit 10 points de plus de son chiffre d’affaires qu’un opérateur européen. »

Orange au centre du jeu

Pour le patron d’Orange, l’échec à l’été 2015 des discussions entre Bouygues Telecom et SFR montre que la consolidation en France passe nécessairement par l’opérateur historique. « On n’a jamais cessé de se parler. En France, nous avons trois entreprises détenues et pilotées par des capitaines d’industrie et puis Orange. La question des affinités joue plus fortement qu’ailleurs, a-t-il dit, évoquant ainsi sa bonne entente sur le dossier avec Martin Bouygues. Stéphane Richard ne voit d’ailleurs pas de problème à accueillir le capitaine d’industrie au conseil d’administration d’Orange. Martin Bouygues est un industriel qui est dans le paysage français depuis vingt-cinq ou trente ans, il remplit les conditions pour être accueilli autour de la table. Il n’y a, a priori, pas de questions là-dessus. »

Pas de casse sociale ni de conséquences pour le consommateur

M. Richard se veut rassurant. Il n’y aura, affirme-t-il, aucune conséquence sociale au rapprochement du premier et du troisième opérateur français. « Les salariés de Bouygues Telecom sont 7 000, et nous avons 20 000 départs à la retraite prévus. Ce sont des ordres de grandeur qui ne vont pas nous poser de problème majeur », indique-t-il.

Le président d’Orange a, par ailleurs, tenu à apaiser les inquiétudes potentielles des consommateurs. « En aucune manière le consommateur ne subira les conséquences de ce rapprochement par une hausse des prix. Les prix ont déjà baissé de 50 % depuis 2012, ceci est acquis et sera irréversible. »