35 heures  : Valls remet Macron à sa place

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Source : lesechos.fr (28 janvier 2016)

Les heures supplémentaires resteront majorées d’au moins 10 %, a assuré ce jeudi le Premier ministre.

Après le flou artistique, la mise au point. Au sortir de dix jours de flottement et de tensions au sein du gouvernement sur les futurs assouplissements des 35 heures, Manuel Valls a profité de ses vœux à la presse , jeudi, pour arbitrer le duel à distance des deux «  bébés Hollande », comme on les appelle parfois dans la majorité  : Emmanuel Macron et Myriam El Khomri.

Le premier avait, une nouvelle fois, mis la gauche en émoi en plaidant pour une suppression «  de facto » des 35 heures , en autorisant les entreprises, par accord, à ne pas majorer les heures supplémentaires. La se­conde avait dans la foulée exclu cette piste, affirmant qu’il n’était «  pas question » de faire sauter l’actuel seuil légal de 10 % de majoration minimale.

Un nouveau désaveu

Le Premier ministre a finalement donné raison, sans surprise, à la ministre du Travail. «  Il y a une durée légale du travail, et les heures effectuées au-delà sont payées au moins 10 % de plus. Ce principe s’impose à tous », a-t-il déclaré. L’assouplissement consistera donc bien à autoriser les accords d’entreprise à fixer un taux de majoration inférieur à celui d’un ac­cord de branche (25 %, par exemple, dans la métallurgie), mais pas à descendre sous 10 %. «  Il aurait été absurde de supprimer ce seuil alors que Matignon et l’Elysée répétaient que les 35 heures ne seraient pas remises en cause », se félicite-t-on au ministère du Travail.

C’est un nouveau désaveu pour Emmanuel Macron, qui, pour ne pas braquer la majorité parlementaire, a déjà dû renoncer à présenter son projet de loi «  Macron 2 » , dont les mesures seront réparties dans d’autres textes, à commencer par celui que prépare… Myriam El Khomri. Manuel Valls s’est toutefois défendu jeudi de marginaliser son ministre de l’Economie, affirmant que c’est ce der­­nier qui a «  lui-même proposé […] pour des raisons d’efficacité » de renoncer à porter son projet de loi. Une affirmation dont il est permis de fortement douter. D’autant que Manuel Valls a au passage tancé le locataire de Bercy en affirmant que «  dans la vie politique […], il faut mettre de côté un certain narcissisme, un certain égocentrisme pour se consacrer essentiellement à l’intérêt général ».

Une prime au bon soldat qu’il a ensuite décernée à Myriam El Khomri, en soutenant son projet de légitimer les référendums de salariés pour valider des accords d’entreprise , «   Une idée forte, moderne et qu’il faudra aujourd’hui, dans une démocratie sociale, imposer.