Source : toutsurlaretraite .com (8 décembre 2015)
Les agents de la fonction publique partent à la retraite par à-coups. Ce caractère très volatile résulte de l’application quelque fois contradictoire des différentes réformes des retraites.
Les départs à la retraite des fonctionnaires sont loin d’être linéaires. Selon une étude de la direction des retraites et de la solidarité de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dévoilée le 2 décembre 2015 à l’occasion du colloque annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), les agents publics ont quitté la vie active par à-coups successifs entre 2004 et 2014.
A titre d’exemple, le flux des départs dans la fonction publique (hors militaires) a bondi de 17,3% en 2006, de 16,7% en 2011 et de 17,6% en 2013. A l’inverse, il a chuté de 20,8% en 2009 et même de 34,6% en 2012 ! Ces montagnes russes sont la conséquence directe des différentes réformes des retraites qui ont retardé ou, paradoxalement, accéléré les départs des agents publics. L’impact est d’autant plus grand que les régimes publics ont été réformés plus tard que leurs homologues du privé.
Rush des parents de trois enfants
La loi Fillon de 2003 a aligné la durée d’assurance (le nombre de trimestres de cotisation requis pour percevoir une pension sans abattement) du public sur le privé, puis l’a augmentée d’une année. Elle est ainsi passée de 37,5 ans (150 trimestres) à 41 ans (164 trimestres) en l’espace de seulement huit ans, contre 40 à 41 ans en quatre ans pour le privé.
La loi Woerth de 2010 a décalé de deux ans le départ à la retraite des fonctionnaires, y compris ceux relevant de la catégorie dite « active » (policiers, gendarmes, pompiers, surveillants de prison…) autorisés à partir plus tôt. En outre, ce texte a supprimé la retraite anticipée pour les parents de trois enfants. Ce départ anticipé est toujours possible pour les agents qui, au 31 décembre 2011, justifiaient d’au moins trois enfants et de 15 ans de services.
Forte proportion de femmes
Le dispositif ayant pris fin pour les autres au 1er juillet 2011, on comprend pourquoi le nombre de départs dans le public s’est envolé de près de 35% en 2012. L’entrée en vigueur en 2006 des retraites anticipées pour carrière longue dans la fonction publique explique, pour sa part, le bond de plus de 17% des départs dans le public cette année-là.
Outre les départs en dents de scie, les retraites dans la fonction publique se caractérisent par la forte proportion de femmes chez les pensionnés. Toujours d’après le document de la CDC, 55% des retraités de la fonction civile d’Etat sont des femmes, 58% dans la fonction publique territoriale et jusqu’à 83% dans la fonction publique hospitalière. A contrario, « dans le secteur privé, les hommes sont majoritaires », rappelle Isabelle Bridenne, responsable des études à la direction « retraites et solidarité » de la CDC.