Orange-Bouygues Telecom : que changerait un marché à trois opérateurs télécoms ?

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Source : lemonde.fr (16 février 2016)

Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, n’officialisera pas le rachat de Bouygues Telecom ce mardi 16 février, date de la publication des résultats annuels de l’opérateur. Pourtant, ce mariage potentiel et hors norme, d’un montant de 10 milliards d’euros, devrait occulter l’annonce des chiffres de l’ancien monopole public. Et pour cause, cette alliance inédite n’a qu’une ambition, celle de faire disparaître l’un des quatre acteurs du marché. D’ailleurs Orange n’est pas seul dans l’affaire. Il négocie avec SFR et Free (dont le fondateur Xavier Niel est également actionnaire du Monde à titre personnel) le dépeçage de leur concurrent. Tous trois se préparent donc à se partager fréquences, clients, réseau et boutiques.

Quatre ans après l’arrivée de Free Mobile, sur lequel l’Etat comptait pour intensifier la concurrence, voilà le marché en passe de revenir à son point de départ. Si les opérateurs, Orange en tête, tiennent autant à cette opération, c’est pour calmer la guerre des prix qui fait rage sur le marché depuis quatre ans, et poursuivre leurs investissements dans les réseaux, et notamment dans la fibre, qui arrive progressivement dans les foyers.

Hausse des prix

Le consommateur en sortira-t-il gagnant? Principale crainte, le retour d’une hausse des prix. En 2011, avant l’arrivée de Free, « les prix des abonnements mobile étaient 25 % plus élevés que la moyenne européenne », a rappelé l’UFC Que Choisir le 5 janvier. En outre, l’opération ferait également disparaître « l’acteur jouant depuis peu le rôle d’agitateur du marché de l’internet fixe ». De fait, c’est Bouygues Telecom qui pratique aujourd’hui les abonnements Internet les plus intéressants.

Qu’en sera-t-il réellement? Le patron d’Orange, Stéphane Richard, a tenté d’apporter des garanties, en estimant que les baisses de prix observées depuis l’arrivée de Free, de l’ordre de 50 % en quatre ans, étaient « acquises ». Ainsi, le trublion des télécoms devrait continuer à mener la vie dure aux deux mastodontes, SFR et Orange.

Difficile pourtant de faire des pronostics. En Europe, on a encore peu de recul sur les conséquences d’un passage de quatre à trois opérateurs en matière de tarifs. Une chose est sûre, la disparition d’un acteur n’a pas forcément incité les concurrents à accroître leurs investissements. Et inversement, un marché à quatre n’a pas empêché Orange, Free ou SFR d’investir. Seul Bouygues Telecom est en difficulté. Si l’opération aboutissait, il reviendrait donc à l’Autorité de la concurrence de trancher l’ensemble de ces questions et de s’assurer que l’intérêt du consommateur est respecté.