Projet de loi El Khomri : Manuel Valls « nous a écoutés, mais nous a-t-il entendus ? » (Luc Bérille, Unsa)

Archives Les Brèves

Source : Extrait AEF Dépêche n°533276 (10 mars 2016)

Le secrétaire général de l’Unsa, Luc Bérille se dit « mitigé » après sa rencontre bilatérale avec le Premier ministre sur le projet de loi porté par Myriam El Khomri, mercredi 9 mars 2016. Espérant que Manuel Valls a bien entendu les « inquiétudes des jeunes et des salariés », le leader syndical rappelle ses demandes de retrait des dispositions afférentes aux licenciements et insiste sur la nécessité de renforcer le niveau de la branche professionnelle pour que le texte puisse d’appliquer au monde des PME. D’après l’agenda originel du Premier ministre, cette bilatérale devait être la dernière de la série, mais il semblerait que d’autres, avec des organisations non représentatives au niveau interprofessionnel, soient désormais à l’ordre du jour. Matignon fera connaître ses arbitrages, lundi 14 mars, à l’occasion d’une réunion multilatérale.
« Je sors de là, mi-rassuré. Manuel Valls nous a écoutés, mais nous a-t-il entendus », déclare Luc Bérille, secrétaire général de l’Unsa, mercredi 9 mars 2016, à la sortie de sa bilatérale sur le projet de loi El Khomri. Qualifiant de « francs », les échanges avec le Premier ministre, le leader syndical considère qu' »il faut que Manuel Valls comprenne les signaux en montrant que la concertation a servi à quelque chose » en modifiant sensiblement le texte. « Rien n’est arrêté aujourd’hui. Le vrai rendez-vous est celui de lundi » avec la réunion multilatérale de restitution de la série de bilatérales.
QUE LE GOUVERNEMENT ENTENDE « LES INQUIÉTUDES »
« Nous voyons une mobilisation qui cristallise les inquiétudes », ajoute Luc Bérille. Réunissant entre 224 000 et 450 000 personnes à l’appel des organisations de jeunesse appuyées par les organisations syndicales qui demandent le retrait du texte (1), « la mobilisation est réelle », sans que cela soit pour l’heure « un déferlement ». « Il faut que le gouvernement dise qu’il a bien entendu les inquiétudes des jeunes et des salariés sur les licenciements notamment », ajoute le secrétaire général.
Inscrite dans la démarche intersyndicale qui demande des ajustements et non pas le retrait du projet de loi (2), « l’Unsa milite pour que les dispositions suivantes soient retirées parce qu’elles sont une régression soit pour la protection des salariés, soit pour le dialogue social et l’action des représentants du personnel  : la barémisation des indemnités prud’homales dues en cas de licenciement abusif, les mesures qui accroissent le pouvoir unilatéral de l’employeur, l’article 30 bis sur le licenciement économique, la validation des accords avec recours au référendum des salariés ».
RENFORCER LES BRANCHES POUR LES PME
Au-delà, Luc Bérille regrette que, d’une manière générale, les lois sociales soient faites « pour les grandes entreprises et non pas les petites ». Pointant le renforcement de la place de la négociation d’entreprise notamment sur le temps de travail, le leader syndical explique que « calquer ce modèle dans les PME n’a aucun sens » et observe « un amoindrissement de la place de la branche professionnelle ». Pour l’heure, le texte est fait « pour les grandes entreprises qui n’ont pas besoin des accords de branche, pourtant indispensables pour les PME ».
(1) La CGT, FO, la FSU et Solidaires, côté syndicats, et la Fidl, l’Unef et l’UNL, côté organisations de jeunesse.
(2) La CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et l’Unsa côté syndicats, et la Fage, côté organisations de jeunesse.