Le président de l’Arcep veut une réelle concurrence sur le marché des télécoms d’entreprise

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Source : linformaticien.com (15 juin 2016)

Sébastien Soriano, aux commandes de l’Arcep, estime que le duopole Orange-SFR sur le marché des télécoms d’entreprise n’est pas satisfaisant. Il veut favoriser l’émergence de nouveaux acteurs, et estime que c’est le bon moment pour le faire.

Alors qu’il pèse près d’un tiers du secteur des télécoms dans sa globalité, le marché des entreprises n’en reste pas moins plus confidentiel. En l’occurrence, peu de challengers se partagent le gâteau : Orange pour environ 70%, SFR pour 20%, Bouygues Télécom pour environ 5% et les miettes pour des petits opérateurs.

Mais cette répartition pourrait changer. A l’Arcep, on juge qu’un duopole n’est pas viable. Le moment serait bien choisi pour voir émerger un ou plusieurs nouveaux challengers. « Avec le déploiement actuel, nous avons la possibilité de faire de la fibre professionnelle un marché de masse, et ainsi de sortir de « l’artisanat de luxe » qui le caractérise aujourd’hui », explique le président de l’Arcep Sébastien Soriano à La Tribune. Démocratiser les offres Très Haut Débit est d’autant plus essentiel qu’aujourd’hui les entreprises de toutes tailles ont besoin d’un réseau efficace et accessible financièrement parlant.

Repenser les liens entre FttO et FttH

En mars dernier, Sébastien Soriano nous tenait déjà le même discours. « La France est extrêmement en retard sur la numérisation des PME » constatait-il. Depuis, les choses ont très peu bougé même si SFR s’est lancé récemment avec deux offres fibre dédiées aux PME. Mais l’enjeu est ailleurs : dans le déploiement de la fibre optique par les opérateurs, Orange est en tête de liste. « Aujourd’hui, les offres de fibre pour les entreprises sont en majorité des offres dites de « fibre dédiée » », poursuit le président de l’Arcep. Il parle ici de ce qu’on appelle les offres FttO (Fiber to the Office), garantissant une certaine qualité de service, des engagements sur le temps de rétablissement en cas de panne, etc. Or ces offres sont extrêmement chères puisqu’elles sont dédiées et que, pour cela, « il faut mobiliser une pelleteuse, creuser un trou, poser un fourreau, y glisser la fibre, puis effectuer le raccordement ».

« C’est la raison pour laquelle nous voulons profiter du déploiement de la fibre dans tout le pays [via le Plan France Très haut débit] pour que ce même réseau connecte aussi les entreprises », poursuit Sébastien Soriano, visiblement en phase avec les opérateurs. Interrogé hier, le directeur de programme Fibre Yves Parfait s’en expliquait : « nous regardons comment bénéficier du réseau FttH pour supporter une partie des offres pro (…) Concrètement, il s’agirait d’emprunter des tronçons communs ».

Qui sera donc le prochain entrant ? L’un des prétendants les plus sérieux serait le consortium Kosc. Composé des sociétés OVH, Cofip, Kapix, et Styx, il a racheté le réseau Completel à Numericable, comme l’Autorité de la Concurrence l’avait demandé suite au rachat de SFR par Numericable.