Source : LE FIGARO(5 Décembre 2014)
Stéphane Richard et Guillame Pepy, les PDG d’Orange et de la SNCF, s’en sont donné à cœur joie pour expliquer l’impossibilité de créer « un Google européen», lors d’une table ronde organisée jeudi dans le cadre d’Osons la France.
Le patron d’Orange, Stéphane Richard, a donné le ton d’entrée de jeu. « Un Google français, ça n’a pas grand sens. Google est une entreprise mondiale, Internet un espace mondial, il faut avoir une approche planétaire dès le départ.» Si Google frôle les 100 % de parts de marché dans certains pays européens, il ne détient pourtant que 40 % du marché japonais, un peu plus d’un quart en Russie.
« Google pose en creux la question de l’Europe», ajoute Stéphane Richard. Nous y voilà. L’Europe! Le problème pour le secteur des télécoms, comme pour la SNCF et les acteurs du Net, c’est qu’il n’y a pas assez d’Europe. C’est même une des tendances du moment chez les grands opérateurs télécoms : ils réclament tous une Europe plus puissante. « Google est très associé à la puissance politique des États-unis dans le monde. Il fait échos à la faiblesse de l’Europe avec ses 28 pays et autant de régulateurs. L’Europe est un gruyère fiscal», explique le patron d’Orange, résumant le point de vue de nombre de ses homologues européens.
Le problème de cette situation est que les acteurs étrangers, pour ne pas dire, les Américains, savent utiliser cette diversité européenne pour profiter du meilleur de ce monde. À les écouter, les Européens sont eux cantonnés à en subir le pire. « Le bénéfice tiré pas les entreprises européennes de cet immense marché intérieur est nul», assène Stéphane Richard, avant de fustiger le retard européen dans le très haut débit fixe et mobile par rapport à un pays comme le Japon, dont il revient tout juste.
« Un Google européen aurait été impossible»
« Un Google européen aurait été impossible. On l’aurait bloqué à 30 % de parts de marché. Il faut raisonner à l’échelle mondiale et non plus à l’échelle européenne», et c’est Guillaume Pepy qui le dit. Si le champion américain du « Search» semble inattaquable, Stéphane Richard n’exclut pourtant pas la possibilité de voir émerger un Google européen, mais dans d’autres domaines. Le savoir-faire est à chercher du côté des objets connectés et du paiement sur mobile. Le patron d’Orange s’emploie aussi à relativiser les performances des stars du Web, taclant au passage Amazon et Uber « La plupart des sociétés qui nous font rêver ne gagnent pas un dollar», tranche-t-il.
L’émergence de nouveaux acteurs américains dans d’autres domaines de la vie quotidienne fait aussi dire à Guillaume Pepy « qu’il ne faut pas regarder passer le train des transports connectés». Sous le jeu de mots se cache une véritable problématique. La SNCF devra être capable de proposer une solution, qui peut se présenter sous la forme d’une plateforme, permettant de générer un voyage complet : train + taxi + location de parking + bus. Bref, faire coexister toutes les formes de transport qui existent. Un jour on descendra peut-être d’un train sans conducteur pour finir son trajet dans une voiture autonome, éventuellement en autopartage, et électrique