Télécoms : SFR va supprimer 1700 postes en France en 2021

Revue de Presse

Source : lefigaro.fr (3 mars 2021 )

C’est le deuxième plan social d’envergure depuis la reprise de SFR par Numericable en 2014. L’opérateur prévoit par ailleurs d’embaucher 1000 jeunes.

Nouveau coup dur pour les salariés de SFR. L’opérateur prévoit de supprimer 1700 postes, sur 9500, selon les syndicats. Soit 18% des effectifs. De son côté, la direction, qui confirme les 1700 emplois concernés prend en compte un périmètre plus large avec un total de 15 000 salariés, incluant toutes les filiales d’Altice France, dont BFM-RMC, ERT et Intelcia. Un amalgame qui irrite les représentants des salariés.

Il s’agit du deuxième plan social d’envergure depuis la reprise de SFR par Numericable en 2014, toujours sur la base de départs volontaires. « Nous avions alors conclu un accord sur l’emploi avec la direction, qui s’était engagée à maintenir les effectifs à 9500 postes. L’accord avait été prolongé en 2017, jusqu’en décembre 2020», explique Abdelkader Choukrane, délégué syndical central de l’Unsa SFR. Les suppressions de postes devraient donc faire chuter les effectifs de SFR sous la barre des 9 500 salariés. « Pourtant, les télécoms sont un secteur d’avenir, on en a besoin comme l’eau et l’énergie», déplore-t-il.

La pilule est d’autant plus amère pour les salariés du groupe que les opérateurs télécoms ont fait preuve de résilience dans la crise actuelle. SFR a enregistré une progression de 2,4% de son chiffre d’affaires en 2020, à 10,4 milliards d’euros avec une amélioration de sa marge nette à la clef. Le groupe devrait en outre empocher 2,3 milliards d’euros, fruit de la cession de sa participation dans sa Tower Co Hivory.

« L’Unsa ne comprend pas cette décision, les salariés sont inquiets. Les suppressions ne sont pas justifiées au regard de la santé d’Altice et du périmètre. Nous ne comprendrions pas que la ministre du Travail n’intervienne pas», ajoute Abdelkader Choukrane. « Il y a quelque part une tromperie. La crise est le prétexte à de nouvelles suppressions d’emplois, qui ne correspondent pas aux résultats, ni aux ambitions affichées par le groupe», renchérit Xavier Courtillat, délégué syndical central CFDT de SFR.

« Nouveaux talents»

Pour certains salariés, Altice – la maison mère de SFR- prend le « prétexte du Covid» pour effectuer ces suppressions de postes. La direction du groupe voit au contraire, dans la crise actuelle « un accélérateur de transformation, avec davantage de numérique dans les organisations». Reflet de cette évolution, 400 des 1700 postes supprimés le seront dans les boutiques, dont la fréquentation a baissé de plus de 30% depuis le début de la pandémie. Par ailleurs, SFR prévoit de procéder à l’embauche de 1000 jeunes sur quatre ans. De « nouveaux talents», pour s’adapter à l’évolution de l’environnement. Il s’agira, par exemple, d’embauches dans le domaine de la cybersécurité.

Paysage concurrentiel français

Le groupe cherche à inscrire ce plan dans le cadre plus large d’une nouvelle orientation stratégique à horizon 2025, avec notamment, la promesse d’accélérer dans le développement de la fibre et de la 5G en Franc. Il a ainsi pour ambition de raccorder 90% des foyers français à la fibre et de couvrir 98% des communes de plus de 10 000 habitants en 5G d’ici 2025. « Il s’agit de pouvoir absorber le trafic qui ne cesse d’augmenter chaque année (+35% de trafic pour SFR en 2020)», explique le groupe. Il veut aussi doubler sa présence sur le marché des PME, en musclant ses offres et en accélérant leur raccordement à la fibre.

La direction de SFR met aussi en avant le paysage concurrentiel français dans les télécoms. La guerre de promotions a beau connaître une trêve, les prix pratiqués sont parmi les plus bas. En lançant la 5G « au prix de la 4G», Free a, une nouvelle fois, coupé l’herbe sous le pied de ses rivaux. Il les prive en grande partie de la possibilité de monétiser cette nouvelle technologie. Enfin, SFR déplore « une fiscalité spécifique au secteur extrêmement lourde» en France.