Bonne nouvelle, votre pension de retraite ne va pas chuter!

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Source : challenges.fr (8 avril 2016)

Selon une étude du COR citée dans Le Figaro, les mesures de l’accord Agirc-Arrco d’octobre 2015 pénaliseront fortement les futurs retraités, salariés et cadres. Mais la réalité est loin d’être si noire. Explications.

D’après une fuite du COR, le Comité d’Orientation des retraites, la réforme de l’Agric/Arrco du 30 octobre dernier pourrait faire baisser de 18% la pension de retraite des cadres nés après 1990. « La baisse annoncée est si forte qu’elle nous a tous surpris », explique Emmanuel Grimaud, PDG de Maximis Retraite. Nous avons donc interrogé plusieurs spécialistes du calcul et de l’optimisation de la retraite des cadres. Et surprise! On est très loin de la catastrophe annoncée. Explications et corrections…

Selon l’étude du COR, citée par Le Figaro de mardi dernier, « un cadre né en 1959, voulant partir à la retraite dès qu’il a cotisé suffisamment longtemps au régime de base, perdra environ 14,5% de sa pension complémentaire». La perte sera de 16% pour un cadre né en 1975 et, précise le COR, « s’accentuera au fil des générations pour atteindre plus de 17% pour un cadre né en 1990». Le pire exemple étant celui des non cadres nés en 1990, qui y laisseront « près de 18%». En cause, deux mesures décidées en octobre dernier pour renflouer les caisses des régimes complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (tous les autres salariés) : le malus et la baisse de rendement des points de retraite…

Travailler une année de plus

Que prévoit la réforme du 30 octobre dernier? Que, pour sauver les régimes de retraite complémentaires Agirc et Arrco il faudrait travailler une année de plus si l’on veut percevoir une retraite complémentaire à taux plein. Un salarié qui bénéficie d’une retraite « régime général » à taux plein à partir de 62 ans devra attendre une année de plus, c’est-à-dire ses 63 ans pour toucher sa retraite complémentaire à taux plein. En cas de refus ou de départ souhaité dès 62 ans, sa retraite complémentaire subirait un abattement de 10% pendant trois ans.

Attention, il s’agit d’un abattement uniquement sur la retraite temporaire et limité dans le temps. La décote n’est donc que de 5% si la retraite totale est constituée à parts égales de complémentaire et de retraite du régime général. Et porte uniquement sur trois ans. Sur toute la longueur de versement de la pension (soit 25 ans en moyenne), l’impact réel serait en fait plus proche de 0,5% pour un cadre né en 1959 qui partirait à 62 ans à la retraite…

Baisse du rendement des points Agirc et Arrco

La simulation du COR prend en compte un autre facteur : la baisse du rendement des points Agirc et Arrco. Ce rendement passerait, selon ses calculs, de 6.5% environ aujourd’hui à 6% à terme, ce qui est une hypothèse très pessimiste. Mais l’impact de cette baisse serait là aussi très limité (autour de 1%). Autrement dit, la conjonction des deux mesures ne ferait baisser que de moins de 2% la pension totale d’un cadre de 1959 qui veut partir à la retraite « dès qu’il a cotisé suffisamment longtemps au régime de base ». On est loin des 14,5% annoncés par le COR. En fait, les simulations du COR ont tout simplement appliqué de façon permanente la décote temporaire (limitée à trois ans) de 10%!

Moins 18% dans un seul cas

Les différents cabinets contactés ont été incapables de reconstituer les 18% de baisse annoncées. Sauf dans un seul cas, vous allez le voir, très spécial… Celui d’un jeune, qui n’aurait jamais travaillé (ayant 20 ans aujourd’hui, c’est-à-dire né en 96), et qui aurait donc 42 années d’activité à effectuer. Il verrait peser à plein l’impact de la baisse du rendement sur les complémentaires, tombés à 6% dès 2016 (ce qui n’est pas prévu). Et encore cela ne l’impacterait-il que pendant les 3 années de la décote temporaire de 10%. « Autrement dit », explique Emmanuel Grimaud, « pendant les 22 années suivantes de son espérance de vie à la retraite, sa décote ne pèserait que pour 6.8% s’il est cadre (et 2.3% s’il ne l’est pas) ! »

Notre tableau vous permet de vous faire une idée de l’impact réel des deux mesures prises en octobre dernier. Dans le meilleur des cas, l’impact réel et conjugé des deux mesures prises en octobre dernier est inférieur à 1%. Et dans le pire des cas, il est inférieur à 7%. Comme on le voit, il est difficile de trouver des cas où elle pèsera plus de 10% de la retraite et encore moins 18%. Vous voilà rassuré?

Reste à comprendre quelles étaient les intentions du COR en laissant fuiter ces simulations. Difficile de le savoir : le Comité ne souhaite pas les commenter!

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