Télécoms : l’Arcep veut corriger ses cartes de couverture mobile

Revue de Presse

Source : latribune.fr (30 janvier 2020)

La couverture 4G d’Orange en Côte-d’Or (Bourgogne), au nord de Beaune, d’après le site « Mon réseau mobile » de l’Arcep. (Crédits : DR) Le régulateur des télécoms a lancé une consultation publique visant à améliorer et affiner les cartes de couverture en 2G, 3G et 4G qu’il met à disposition des Français.

L’autorité n’a pas traîné ! L’Arcep a annoncé, ce mercredi, une campagne visant à améliorer significativement ses cartes de couverture mobile. Ces outils, qui sont disponibles via le site «  Mon réseau mobile », permettent aux Français et aux pouvoirs publics de visualiser les territoires effectivement couverts en 2G, en 3G et en 4G par les opérateurs télécoms. Ces informations sont particulièrement utiles aux particuliers dans les territoires ruraux, où les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ne sont pas présents partout. Ces cartes, qui ont vu le jour en 2017, servent également aux collectivités, aujourd’hui très impliquées dans la couverture des zones dites «  blanches » ou «  grises », où le mobile ne passe pas, ou très mal.

Problème  : les informations fournies par l’Arcep font depuis longtemps l’objet de critiques. Beaucoup estiment que ces cartes ne sont pas suffisamment fiables. Et, en clair, que des territoires censés être correctement couverts sur le papier, ne le sont, en réalité, pas du tout. Dans un rapport récent sur la couverture numérique du territoire, les députés Laure de la Raudière (Agir) et Eric Bothorel (LREM), s’en sont fait l’écho. Il existe, déplorent les parlementaires, «  un décalage préoccupant entre les cartes de couverture et la réalité perçue sur le terrain ».

«  Un décalage entre la couverture mesurée et celle ressentie »

«  En dépit des progrès réalisés, il existe aujourd’hui un décalage notable entre la couverture mobile mesurée par l’Arcep et la couverture ressentie par les citoyens, détaillent Laure de la Raudière et Eric Bothorel. Cet écart explique d’ailleurs le recours croissant, de la part des collectivités, à des outils leur permettant de réaliser leurs propres cartes de couverture. »

Des critiques dont l’Arcep a pris bonne note. «  Vous nous dites que nos cartes sont fausses => nous les changeons ! (Ou  : quand c’est compliqué, il faut savoir avancer en mode essai/erreur, sinon on ne bouge jamais) », a affirmé Sébastien Soriano, le président du régulateur des télécoms, ce mercredi sur Twitter. Dans un communiqué, l’Arcep affirme vouloir améliorer la fiabilité de ses cartes. «  Jusqu’à présent, une carte est considérée comme fiable par l’Arcep si son taux de fiabilité est supérieur ou égal à 95%, précise l’institution. L’autorité souhaite fixer ce seuil à 98%, et lance ce jour une consultation publique sur un projet de décision en ce sens. »

L’amélioration des cartes prendra du temps

Dans son appel à consultation publique, l’Arcep rappelle la manière dont sont élaborées ses cartes. Jusqu’à présent, les opérateurs transmettent à l’autorité, chaque trimestre, des cartes «  réalisées par simulation informatique » précisant la disponibilité de leurs services 2G, 3G et 4G. L’Arcep vérifie ensuite leur fiabilité grâce à des campagnes de mesure sur le terrain. Celles-ci sont réalisées «  soit sur l’intégralité des zones déclarées couvertes par les opérateurs, soit une partie de celles-ci, sélectionnées par échantillonnage ».

Les nouvelles cartes de l’Arcep ne seront, quoi qu’il en soit, pas disponible tout de suite. La consultation publique est ouverte jusqu’au 6 mars. Et il faudra, ensuite, du temps au régulateur pour analyser les avis reçus, et mettre en place de nouvelles manières d’améliorer les cartes.

«  Nous voulons stimuler les opérateurs »

Aux yeux de Sébastien Soriano, ces cartes n’ont rien d’un gadget. Elles constituent un élément important de sa politique de «  régulation par la data ». En braquant les projecteurs sur les zones les moins bien couvertes par les opérateurs, l’institution espère inciter les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free à y investir et à y déployer des antennes. «  Nous voulons stimuler les opérateurs », affirmait Sébastien Soriano en septembre 2017, lors de la présentation du site «  Mon réseau mobile ». Avec ses cartes, le chef de file du régulateur espère donner un coup de fouet à la concurrence par la qualité des réseaux, en plus de celle, déjà vive, sur les prix.